{ Non ! ... Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu'ils ne t'auront demandé de juger de leurs disputes et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement [à ta sentence].} [sourate An-Nissa, V. 65]
Ibn al-Qayim a dit également (2/142) : « Ce savoir pur hérité de la révélation et de la prophétie conduit celui qui s'y attache sur le chemin de l'adoration qui a pour réalité : épouser les manières du prophète صلى الله عليه وسلم en apparence et en son for intérieur, s'arrêter là ou le prophète صلى الله عليه وسلم s'est arrêté et marcher là ou il a marché, faisant de lui ton maître...
Tu lui réponds s'il t'appelle et tu dors là où il a dormis, tu descend là où il est descendu, tu te courrouce pour son courroux et tu agrées ce qu'il a agréé. S'il t'informe de quoi que ce soit, tu dois le croire comme si tu voyais ce dont il t'informe. S'il t'informe d'une chose de la part d'Allah, tu dois la considérer au même titre que si l'entendait d'Allah lui-même.
En résumé, tu dois considérer le messager d'Allah comme ton maître, ton instructeur, ton enseignant, ton éducateur, ton précepteur. Tu dois abolir tous les intermédiaires entre toi et lui sauf les transmetteurs de sa sunna tout comme tu dois abolir les intermédiaires entre toi et Allah en matière de culte. Il n'y a d'intermédiaire possible que pour te transmettre ses ordres, ses interdictions et son message qu'il t'a envoyé. Ces deux abolitions ne sont autres en réalité que le témoignage qu'il n'y a de dieu sinon Allah et que Mohammed est son messager.
Or Allah est le seul être adoré, le seul qui mérite l'adoration et Son messager est le seul qui mérite d'être obéit, nul autre que lui ne méritant pareille chose. Autre que lui est obéi si le messager a ordonné qu'on lui obéisse ; l'obéissance à autre que lui n'est qu'une conséquence de l'obéissance qu'on lui doit.
En résumé, nul sentier ne mène au but recherché sinon l'obéissance au messager d'Allah, dans les actes apparents et dans les actes cachés. »
Il a dit également (3/174) :
S'il est questionné : qui est ton maître, l'homme doit répondre : le messager d'Allah.
Si on lui demande : qu'elle est ta voie, il doit répondre : suivre le prophète صلى الله عليه وسلم.
S'il est questionné sur son costume rituel, il doit répondre : la piété.
S'il est questionné sur sa doctrine, il doit répondre : appliquer la Sounna.
S'il est questionné sur son objectif, il doit répondre : « qui recherchent la face d'Allah. »
S'il est questionné sur son couvent et son monastère, il doit répondre « Dans des maisons [des mosquées] qu'Allah a permis que l'on élève, et où Son Nom est invoqué; Le glorifient en elles matin et après-midi, des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Salat et de l'acquittement de la Zakat, et qui redoutent un Jour où les coeurs seront bouleversés ainsi que les regards. ».
Si on le questionne sur sa filiation, il doit répondre : mon père est l'islam, je n'ai d'autre père que lui, lorsque les gens se vantent d'être les fils de Qays et de Tamîm.
Si on le questionne au sujet de ses mets et de ses boissons, il doit répondre : (en quoi cela te regarde-t-il ? elle a avec elle ses souliers et son abreuvoir, elle s'abreuve à la source et se nourrit des arbustes jusqu'à ce qu'elle rencontre son seigneur) »
Le suivi du prophète صلى الله عليه وسلم
entaché par les excès et les éloignements
Ibn al-Qayyim dit dans son madâridj essâlikîn (2/107) : « Les vertueux prédécesseurs avaient coutume de citer ces deux fondements : œuvrer de façon raisonnable et s'attacher indéfectiblement à la sunna. Le démon scrute le cœur de l'homme et le met à l'épreuve. S'il constate qu'il y a en lui une tendance à l'innovation et un faible attachement à la Sounna, il le pousse à ne pas s'y cramponner. S'il constate au contraire que l'individu est fortement attaché à la Sunna et qu'il sait qu'il n'a aucune chance pour lui de l'en faire dévier, il le pousse à l'excès dans les actes au point de se faire du tord à lui-même en lui disant : ceci est un bien et une bonne action, et faire preuve de zèle à le faire relève de la perfection, ne sois pas de ceux qui oeuvrent peu et ne dors pas avec ceux qui dorment ... »
La différence entre
suivre exclusivement le prophète صلى الله عليه وسلم
et l'abandon de l'enseignement des oulémas
Les gens sur ce point-ci se placent aux deux extrêmes.
Il en est d'entre eux qui, par immense respect à leurs maîtres, ont fini par considérer les avis desdits maîtres comme si c'était la révélation du Souverain de l'univers. Il leur est aisé de ne pas observer les commandements du messager d'Allah et ils trouveraient toute la peine à en faire autant avec les avis de leurs maîtres. Pareille position a poussé Ahmad Essâouî a prononcer une parole qui a ébranlé les cœurs des partisans du prophète صلى الله عليه وسلم eu égard à son abjection. Telle est son interprétation du verset « Et ne dis jamais, à propos d'une chose : "Je la ferai sûrement demain". » dans laquelle interprétation, il déclare : « Il n'est nullement permis de suivre aveuglément une quelconque école de droit sinon l'une des quatre écoles de droit sunnite, même si l'auteur de pareille chose suit l'avis d'un compagnon du messager ou un hadith ou un verset. Celui qui se dégage des quatre écoles est un égaré qui œuvre à égarer autrui. Ceci pourrait même le conduire à l'incroyance car le fait de prendre à la lettre ce qu'impliquent le Coran et la Sunna est un des fondements de l'incroyance. »
L'érudit Mohamed al-Amîn Ecchanqîtî -qu'Allah lui fasse miséricorde- a répondu à l'auteur de la précédente parole dans son livre remarquable : « adwâou-l-bayân. » (vol. 7, page 437).
Il en est d'entre les gens qui ont fait de l'ordonnance de suivre le prophète صلى الله عليه وسلم d'une façon parfaite un corollaire du rejet des avis des oulémas et du fait de ne leur accorder aucun crédit. Même que cela les a poussé à les dénigrer et à les taxer d'ignorance. Cela les a conduit à adopter des avis qu'aucun imam n'avait adoptés. Le droit chemin se trouve entre ces deux positions extrêmes. Allah a fait grâce à la faction d'hommes héritière du salut en tout temps d'adopter cette position.
Ibn al-Qayim explique dans son kitâb al-rûh (p. 256-257) : « la différence qu'il y a entre le fait de suivre assidûment le prophète صلى الله عليه وسلم et le fait de négliger les avis des oulémas et les mettre de côté, c'est que suivre le prophète صلى الله عليه وسلم assidûment veut dire ne point donner la prépondérance à la parole de quiconque ou son avis par rapport à la parole du prophète صلى الله عليه وسلم. Il faut d'abords s'assurer que le hadith est authentique. Si tel est le cas, il faut en second lieu comprendre son sens. Si tu parviens à en saisir le sens, tu ne dois point l'abandonner même si tu te mets en faux avec toute l'humanité. En fait, il est impossible que la communauté de l'islam soit unanime à se mettre en faux avec ce que le prophète صلى الله عليه وسلم a enseigné. Il est certain qu'il existe parmi la communauté des gens qui ont adopté l'avis que stipule le hadith même si tu ne parviens pas à savoir qui ils sont. Il ne faut pas que tu considères ton ignorance de ceux qui ont adopté l'avis impliqué par le hadith comme un alibi contre Allah et son messager. Adopte l'avis qu'implique le hadith et ne faiblis pas.
Saches qu'il y a certainement des gens qui ont adopté cet avis même si tu ne les connais pas. Tout cela doit se conjuguer au maintient du respect qui doit entourer les oulémas, l'alliance qu'on doit épouser pour eux, la foi en ce qu'ils doivent être respectés, la foi en ce que ce sont des gens honnêtes qui ont déployé de grands efforts pour sauvegarder la religion et la consigner. Ils se trouvent ainsi bénéficiaires d'une rétribution simple ou double et du pardon. Ceci ne doit pas pour autant nous conduire à négliger ce que commandent les textes ou de faire passer l'avis de quiconque sur ce qu'implique un texte sous prétexte que ce quiconque en question est plus savant que toi en ce qui concerne le sens qu'implique le texte. Si ta devise et que l'ouléma est plus savant que toi, pourquoi ne te cramponnes-tu pas à l'avis de l'ouléma qui a opté pour le sens qu'implique le texte ? Celui qui se base sur l'observation de l'étoile pour deviner la direction de la qibla (la direction vers laquelle on se place pour prier), son observation devient caduque s'il voit la kaaba. Châfi'î a dit : Tous les gens sont d'accord à dire que celui qui apprend une sunna ne doit point l'abandonner pour l'avis de quiconque. »
Sheïkh Abdelmalik Ramadani - hafidhahou Allah
Traduit par : Amine Cherif Zahar
http://www.tchalabi.online.fr/doc/p003.html Cheikh 'Abdel-Malik Ar-Ramadhâni